« Télétravail », « travail à distance », « home office » … des termes encore peu connus et utilisés il y a quelques mois et qui pourtant aujourd’hui, sont au centre de l’actualité. Cette pratique encore peu développée dans les entreprises Françaises a connu une ascension fulgurante depuis le début de la crise du Covid-19. En quelques semaines, les entreprises ont dû revoir leur organisation et s’adapter à cette nouvelle forme de travail.
« Cette crise a accéléré la stratégie de communication digitale des entreprises de 6 ans en moyenne et en France de 6,7 ans. Mondialement, ce sont 97 % des dirigeants d’entreprise qui estiment que la pandémie a précipité la transformation numérique de leur entreprise. », Comarketing News, étude Twilio – juillet 2020.
Durant le confinement Asigma a également fait le choix du télétravail pour tous, et continue de privilégier cette solution lorsque cela est possible (à 100% ou à raison de quelques jours par semaine). Le constat ? Une expérience et un ressenti propre à chacun. Qu’en retenir ? Comment et quelle politique mettre en place pour la suite ? Quels aménagements prévoir pour un télétravail réussi ? Trois de nos Consultants ont joué le jeu et nous ont partagé leur expérience en confinement et post confinement.
Découvrez dès maintenant leur témoignage ainsi que quelques « tips » pour télétravailler efficacement !
Le télétravail avant la crise du Covid-19
Selon plusieurs études, seulement 25% des salariés en France avaient recours au télétravail de temps à autre avant l’épidémie (télétravail informel, « gris ») et 6% le pratiquaient de façon contractuelle au moins une fois par semaine (étude Ifop, octobre 2019).
L’ordonnance dite « Macron », en vigueur depuis le 24 septembre 2017, a assoupli le régime juridique du télétravail dans un objectif de développer le recours à ce mode d’organisation du travail. Cependant, les chiffres bas évoqués juste avant, démontrent bien que la mise en place de cette pratique est restée assez lente jusque-là.
Une légère hausse d’implémentation commençait à se faire ressentir début 2020, ou plutôt une prise de conscience, liée notamment aux diverses grèves des transports qui ont touché le pays sur la fin d’année 2019. En effet, les grèves, mais également les multiplications des manifestations, ont remis en perspective notre dépendance aux transports dans le système actuel. Ces incidents ont en effet permis à certaines entreprises de se rendre compte qu’il était temps d’adapter le travail à ce nouvel environnement, plus instable et plus imprévisible que jamais. Ainsi, c’est plus de 36% de nouveaux télétravailleurs qui ont été enregistrés à mi-mars, juste avant le confinement (étude Microsoft et OpinionWay, reprise par Zevillage et Visionary Marketing).
Chez Asigma, la pratique était peu répandue avant le confinement notamment au sein du Siège, et faisait gage bien souvent d’exception. Pour nos Consultants, cela dépendait du contrat conclu avec le client, mais tous n’ont pas eu l’opportunité de se faire à cette pratique avant l’heure du confinement.
Les principaux freins constatés à la mise en place du télétravail en entreprise avant la crise :
Installation et/ou outils non adaptés à cette pratique, sécurité informatique
Manque de confiance de la part des employeurs envers leurs salariés (ex : efficacité remise en cause, déconcentration rapide, …)
Risque de perte de proximité et de sentiment d’appartenance (ex : maintien du lien social difficile, isolement des personnes, …)
Droit à la déconnexion pouvant être remis en question, le travail s’invitant chez soi
Moins de visibilité des collaborateurs dans l’entreprise donc risque de retard sur certaines évolutions internes
Le télétravail en confinement
Le confinement a forcé les entreprises et les salariés à prendre le tournant du télétravail.
Avec plus ou moins d’appréhension et plus ou moins de facilité, mais elles ont dû le prendre. Pour beaucoup malgré elles, certes, mais au final, n’était-ce pas un bien pour un mal, le sujet du télétravail étant jusque-là bien souvent sur le coin d’un bureau en attente de traitement ?
L’adaptation a dû être très rapide, contexte faisant, aussi bien pour les entreprises que pour les salariés mais aujourd’hui nous pouvons en tirer le constat suivant : les freins à la mise en place du télétravail en entreprise subsistent toujours, mais les avantages sont désormais tout autant mis en lumière.
Basé à Bordeaux, je travaille depuis plusieurs années maintenant pour Asigma. D’abord missionné au Mans puis à Paris, les déplacements sont récurrents et chronophages, pour autant nécessaires afin de mener à bien des prestations en proximité de mes clients. Le confinement nous a tous obligés au télétravail permanent et j’en tire comme tout le monde certains enseignements : au vu de mes contraintes habituelles, le bénéfice s’est bien sûr porté sur mon rythme de vie : moins de fatigue, un meilleur équilibre personnel, et la chance de travailler dans un environnement agréable, tout en m’épargnant quelques lourdes dépenses hebdomadaires (transports…). Cependant, le télétravail modifie sans le vouloir les rapports humains, qu’on le veuille ou non, et rien ne vaut un échange en face à face. […]
ChristopheJ’ai mis environ 2 semaines à trouver mes marques et admettre que la situation allait durer, mais une fois mon organisation trouvée et mon espace de travail bien défini, je n’ai pas eu de difficultés à travailler à distance malgré l’appréhension que j’avais. Cependant, avec le post-confinement, mes freins au télétravail, que j’avais oubliés durant la période de confinement, sont revenus, de façon plus agressive encore (bruits de la rue, des commerces et restaurants, des livraisons, des constructions, … à l’inverse de l’openspace où le bruit est collaboratif, plus naturel). […] .
AdrienJ’ai intégré ma nouvelle mission le 2 mars dernier et ai ainsi eu 3 semaines pour découvrir le projet, prendre mes marques et m’intégrer dans l’équipe, ce qui est assez court en soit. La bascule temps plein en entreprise / temps plein en télétravail s’est plutôt bien passée chez le client, puisque bon nombre de collaborateurs étaient déjà habitués à cet exercice ; la mise en place opérationnelle a été rapide et bien gérée. Pour ma part, je me suis assez rapidement adaptée à ce nouveau rythme. Même si ça n’a pas toujours été facile. En effet j’ai apprécié le gain de temps en évitant les transports, cela m’a notamment permis de me remettre au sport, de participer au challenge des Foulées de l’Assurance que soutenait Asigma … Toutefois, la perte de lien social « directe », dû au télétravail, m’a impactée. J’ai notamment eu une baisse de motivation quelques semaines après le confinement car les pauses déjeuners en équipe, les échanges à la machine à café, me manquaient. En effet, ces moments contribuent au bien-être en entreprise car ils permettent de tisser des liens avec les autres et de se changer les idées en cours de journée. […] .
Samirah
Comme ces témoignages le soulignent, le télétravail forcé à 100% et non volontaire durant la période de confinement a nécessairement appuyé certains freins cités plus haut et ce, de façon démultipliée comme le manque de proximité, renforcé par le manque de proximité avec ses proches au delà du travail. Il en a aussi fait surgir de nouveaux, comme le risque d’un environnement inadapté à domicile ou celui de travailler de manière disproportionnée ; mais a aussi permis de déceler les avantages de cette pratique :
- Une productivité égale voir plus élevée dans certains cas
- Un équilibre vie pro / vie perso amélioré
- Un bien-être global en hausse (moins de fatigue)
- Un gain de temps considérable dans les transports
S’ajoute à cela également des avantages pour les organisations et les entreprises, dont le principal est notamment lié au coût de structure : en baisse si tous les collaborateurs ne sont pas sur site, et un avantage écologique global, lié notamment à une diminution de l’empreinte carbone, les salariés n’ayant plus besoin de se déplacer.
Le télétravail aujourd’hui et demain
Alors, qu’en est-il aujourd’hui ? Et que devons-nous attendre de demain ?
Malgré une hausse du télétravail en période de confinement, la tendance semble être revenue à la baisse depuis la rentrée. En effet, il ne resterait plus que 15% de personne en situation d’emploi travaillant encore à 100% depuis leur domicile, contre 27% durant le confinement (Cabinet Yougov, publiée début août 2020 soit avant l’obligation du port du masque). Cependant, cela ne veut pas dire que les lignes n’ont pas bougé, puisque 74% des salariés aspirent désormais au télétravail plusieurs jours par mois (Zevillage, août 2020).
“Beaucoup de collaborateurs pratiquent un mélange travail à distance, travail sur site : environ seulement 15% sont totalement à distance, mais c’est deux fois plus qu’en temps normal, la question du travail est la question principale que se posent les entreprises aujourd’hui. La pratique est déjà très encadrée. Repasser par un accord national ne ferait que complexifier cette pratique. On n’a pas besoin d’une norme de plus qui arrive d’en haut, on en a suffisamment comme ça, les DRH sur le terrain savent négocier avec les représentants du personnel“. Benoit Serre, Vice-Président de l’ANDRH le 6 octobre sur l’antenne de France Inter.
Nous n’en sommes donc qu’au début des recherches sur cette nouvelle pratique et la tendance irait d’avantage vers un télétravail hybride, où le Service RH aurait tout son rôle à jouer.
Certains tentent à penser que le télétravail de demain n’aura rien à voir avec le télétravail d’aujourd’hui. Dans le journal de 20h du 27 septembre 2020 de Anne-Claire Coudray, le journaliste Yani Khezzar a d’ailleurs mis en lumière une technologie qui pourrait prochainement s’inviter chez nous : la réalité augmentée. En effet, grâce à elle il serait possible, de chez soi, de voir apparaitre ses collègues, eux aussi chez eux en télétravail, avec un casque sur les yeux. C’est en fait leur avatar 3D qui apparaitrait ainsi que des éléments d’affichage (tableaux, projections diverses, maquettes, …) dans l’univers créé, et ce dans le but de travailler de façon participative.
Les chercheurs s’intéressent aussi aux métiers qui ne sont pas du tout portés sur le télétravail aujourd’hui, comme les métiers de chantier. Ils pensent en effet, qu’il sera possible dans quelques années de piloter des machines à distance (grues, pelleteuses, …). Au Japon certains essais sont d’ailleurs déjà en cours.
Cependant, des risques subsistent pour le moment sur ces nouvelles façons de télétravailler et elles coûteraient très chères aux entreprises de les adopter en l’état. De plus, hors cadre et sans aucune règle, ces nouvelles possibilités de travail pourraient vite tourner à la dérive.
Prenons donc le temps, d’ici là, de s’adapter aux règles et à la mise en place actuelle du télétravail grâce à quelques tips partagés par nos trois Consultants :
Adaptez vos journées à votre environnement, faites preuve de composition. Utilisez un casque anti-bruit, si nécessaire, pour retrouver votre concentration habituelle
Planifiez, organisez, fixez-vous des règles et des objectifs pour chaque journée
Soyez confiant et tolérant envers vous-même quant aux maladresses que vous pourriez commettre du fait du travail à distance
Continuez à vous mettre « en posture », à montrer une apparence respectueuse pour le client et pour vous, ne vous laissez pas aller
Octroyez-vous des pauses et coupez vos outils lorsque votre journée est terminée. En temps normal, lorsque vous sortez du bureau, vous fermez votre ordinateur jusqu’au lendemain matin, ne l’oubliez pas !
Gardez le lien social qui vous unis à vos collègues ; celui-ci est d’autant plus important quand nous sommes à distance, alors utilisez les outils mis à votre disposition ; Teams, Skype ou même WhatApps.